propos sur la très soutenable légèreté d’être… des bois val-davidiens…
c’est la rentrée, la cohue, le retour des embouteillages, mais d’ici on ne le sent pas du tout… les arbres s’en balancent, dans le vent… les chevaux de ma voisine encore plus… les 4 fers à terre… les légumes de mon jardin tout autant…
c’est la rentrée mais ici, les grillons continuent à chanter, les grenouilles croassent et tentent de traverser la route sans se faire écrapoutir, les arbres changent lentement leurs habits et la lumière continue de pâlir sur le jour qui ratatine de jour en nuit…
c’est la rentrée alors que septembre a tassé août mais ici on s’en fout, ici tout est doux… et mou et un peu flou… mais pas fou du tout… plutôt fou de tout…
c’est la rentrée post-élections mais ici, tout ce qui vit le fait un peu à côté de tout ça… ici dans mes bois, mes amis – arbres, fleurs, petites et grosses bêtes – et moi, nous sommes a/socialisés, nous vivons dans le monde mais nous ne sommes pas du monde, le monde ne nous touche pas vraiment et nous aussi ne faisons que l’effleurer… de loin… avec respect et distance…
c’est la rentrée mais ici le temps ne s’accélère pas car nous vivons sans horloge, sans temps… les jours ne font que passer et raccourcir un peu, la nuit, elle, s’allonge et avale des bouts de jour de jour en jour…
c’est la rentrée mais ici la rentrée prend plutôt place en nous, en notre âme, même si l’automne n’est pas encore commencé, on se prépare déjà à l’hiver… le bois est cordé et la cheminée ramonée… et l’âme en mode rentrée…
une rentrée scolaire pleine d’achats et de magasinage et de centre d’achats mais ici la rentrée est solaire, alors que le seul magasinage consiste à emmagasiner le soleil en nous… pour les longs mois d’hibernation à venir…
c’est la rentrée dans nos contrées intérieures qui se préparent à l’événement à venir, mais avant les couleurs viendront éblouir nos yeux, les odeurs chatouiller nos narines et le vent caressera notre peau qui pâlit elle aussi de jour en jour… comme la lumière du jour…
c’est la rentrée ici mais elle est douce, graduelle, naturelle, coulante, oui elle coule sans coupure, choc ni brusquerie… seulement marquée par le retour du rouge feuilles d’érable, du jaune autobus sur les routes et des ptits pits avec leur gros sacs d’école sur le dos et sur les trottoirs…
c’est la rentrée mais ici tout le monde vit encore dehors, dans les éléments, paisiblement, naturellement, simplement et légèrement… la très soutenable légèreté de l’être…
photo : thomas keller