♥♥♥ – 14/7/2020
l’amour au temps du Corona… déconfinement estival et bal masqué «de force»…
certaines personnes très sûres d’elles-mêmes pourraient être choquées par cette affirmation de ces Kant dira-t-on…
face à tant d’incertitudes flottant dans l’air ambiant ces temps-ci, on dirait que plus les temps sont incertains, plus on a besoin de croire, de se rassurer, de penser savoir…
tel que prévu, l’obligation du port du masque annoncée hier a fait réagir big time sur les réseaux… ces réseaux qui sont en feu ces temps-ci, tellement que l’idée de les quitter – momentanément du moins – semble de plus en plus attrayante non ? car pas certain que ça soit bon pour la santé mentale d’être en contact avec toutes ces bribes émotives…
tant d’incertitudes et pourtant, tant de certitudes qui circulent sur les murs et les écrans… et tant de mépris envers les autres qui ne pensent pas comme nous…
les masques semblent n’être que la cerise sur ce gros sundae king size qui banana split notre société de moins en moins civile, que certains trouvent pourtant trop servile… nous assistons à un mélange dégoulinant de discours et d’échanges d’argumentation diverse qui prennent place dans le blender de notre virtuel Drama Queen social…
si on regarde la situation à partir d’une perspective globale, tout le monde a un peu raison et un peu tort, chacun(e) limité(e) à et dans sa petite bulle… mais quand on regarde plus large, c’est là que les vérités clashent…
on peut comprendre et compatir avec les gens qui craignent la perte de nos libertés individuelles car en effet, certaines restrictions existent et depuis des mois, notre liberté rétrécit et se trouve plus limitée qu’avant… et nos nerfs s’effritent…
on peut comprendre et compatir avec les propriétaires de commerces qui doivent dorénavant jouer à la police au risque de recevoir eux-mêmes des amendes plutôt salées… en plus de la pression financière avec laquelle ils et elles sont aux prises, leur charge s’alourdit sérieusement… ça en fait beaucoup à la shoppe…
on peut comprendre et compatir avec les travailleurs/ses de la santé, surtout là où il y a recrudescence des cas… ces gens qui portent le masque toute la journée et ce, depuis des mois, sont fatigué(e)s, épuisé(e)s, brûlé(e)s, constatant et côtoyant la maladie et la mort au quotidien, leur propre santé compromise et mis à rude épreuve alors que même leurs vacances sont limitées ou incertaines…
je comprends et compatis avec les politicien(ne)s qui doivent prendre des décisions difficiles et inévitablement toujours impopulaires pour un groupe de citoyen(ne)s ou l’autre… engagez-vous qu’ils disaient… et servez… souvent surtout de boucs émissaires…
et comme ci ce n’était pas suffisant, d’autres enjeux sautent comme du pop-corn…
on peut comprendre et compatir avec les personnes de couleur (quelle expression quand même) qui en ont plus qu’assez de subir depuis trop longtemps injustice et discrimination – oui elle est systémique qu’on veuille le dire ou pas – et qui sortent dans la rue… nothing to loose anymore…
on peut comprendre et compatir avec les femmes qui ont subi toutes sortes d’abus sexuels, physiques et psychologiques et qui n’ont pas confiance au système de justice… comme on peut aussi comprendre aussi ceux qui craignent une vindict populaire injuste et incontrôlée…
décidément, toute la boue du marais remonte à la surface en même temps…
on peut aussi comprendre et compatir avec cette mère qui vient de perdre ses deux enfants et qui pleure sa peine… mais en public… presqu’indécent de voyeurer cette peine non ? mais peut-être que de la partager ainsi est nécessaire pour elle… aucun jugement de ma part, que de la compassion et de l’empathie… car tant de douleur… qui s’ajoute au reste…
et il y a, on the side, un peu dans les estrades et dans le stade en même temps, nous le peuple, la majorité moins silencieuse qu’avant grâce aux réseaux), le monde ordinaire, souvent relégué au rôle de gérant(e) assis(e) dans les bleachers de l’actualité, ou des actualités plutôt… car l’actualité est nécessairement multiple et multiformes…
on regarde ce cirque lâché lousse se dérouler devant nos yeux – la principale porte d’entrée de notre vie publique partagée – et tout ce que l’on peut faire pour gérer ce flots d’émotions et de pensées qui nous envahit est de crier notre indignation, exprimer nos opinions, cracher notre colère et notre frustration, réagir à partir de la fleur de notre peau… avec nos doigts, et nos tripes, à frette…
et souvent nos mots trahissent notre pensée… du moins l’expriment mal… car la réalité est si complexe et varie selon notre rôle social, notre position d’observation, et les mots si limités…
et ça fait beaucoup à regarder sans broncher ce grand chaud reality show du moment… alors on bronche…
et on tire sur tout ce qui ne bouge pas comme nous ou comme on le voudrait, on exprime notre indignation, on défend notre liberté individuelle à grand coup de mots jos, souvent trop durs envers autrui, on pétarade nos opinions alors que l’on possède une bien trop petite et limitée connaissance réelle des événements dans leur ensemble… car si complexe le monde, si vaste…
si on pouvait seulement reconnaître la limite de nos connaissances et de notre compréhension face à la complexité de l’ensemble du monde… et tendre vers le bien du plus grand nombre de façon respectueuse… en réfléchissant à long terme… lentement et un peu plus sûrement…
car tant de méfiance face à tout ce qui vit à l’extérieur de nous, tant de doute non seulement face à autrui mais aussi face à soi-même… car au fond on sait bien qu’on ne sait pas tout, qu’on ne saisit qu’une infime partie de cette prétendue réalité…
si on pouvait seulement apprendre à soutenir l’incertitude, et à faire un peu plus confiance à la vie… car on dit que tout se déroule exactement comme cela doit… que c’est ça qui est ça et que tout est parfait tel quel… et que la vie est composée de doutes et d’incertitudes…
ainsi soit-il…
Un texte lumineux, ce matin. Vraiment.
ça prend une lumière pour en reconnaître une, merci pour les bons mots