in ou utile… vroum vroum vroum

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♥♥♥ – 11/5/2020

l’amour au temps du Corona / quarantaine sur la voie de sortie ?

salut lecteur/trice…

si vous êtes parmi celles et ceux qui suivez régulièrement ces chroniques et qui les lisez habituellement relativement tôt le matin (donc entre midi et 14 h en Europe ;-), peut-être avez-vous été surpris(e) de constater l’absence de mots ce matin…

eh oui, j’étais ailleurs…

depuis les quelques mois que dure cette situation, j’ai écrit quotidiennement autour de… car j’aime écrire, c’est plus fort que mes doigts… et c’est en quelque sorte mon yoga matinal…

mais au cours des derniers jours, comme certain(e)s d’entre vous peut-être, j’étais sur le point d’atteindre un degré certain de saturation discursive – autour de vous savez quoi… et non, ce n’est pas Voldemort…

parfois assez est juste assez, et d’autres fois, assez est too much… comme dans trop, comme indigestion, comme plus que ras le bol… comme dans basta la vie rtuelle !

donc dans les derniers jours, montait lentement mais sûrement en moi une certaine impulsion latente de switcher de mood, de sauter hors de la joute verbale pour me mettre à contribution plus concrètement… joindre l’effort de guère, las des mots…

car le bla bla bla a ses limites…

totalement ébranlé et bouleversé par la situation des personnes âgées qui mourraient tout(e)s seul(e) en institution et par le manque de personnel pour en prendre soin, je m’étais inscrit il y a quelques semaines à jecontribue.com pour aller donner un coup de main, peu importait où, avec la chienne au cul mais avec l’humanité au coeur… sans expérience autre que ma bonne volonté devant le triste sort de certain(e)s de nos ainé(e)s comme on les appelle parfois…

on m’a rappelé une première fois pour obtenir quelques détails quand à mes disponibilités et lieux où je pourrais me rendre… oh quel effet ce coup de téléphone a eu sur moi…

comme si la crise devenait tout à coup très très réelle… c’est à ce moment qu’une autre réalité plus concrète de cette crise s’est emparée de moi… pas qu’un mirage cette crise finalement, du vrai monde qui en souffre, ce que l’on oublie parfois lorsque trop en ligne…

et par la suite, plus de nouvelles, alors j’ai continué d’attendre…

en stand by, un peu sur le bout de ma chaise au moindre coup de téléphone car je trouvais ça un peu épeurant d’aller me mettre le nez et les mains dans le coeur – et les fesses – de la crise… ce qui me fit apprécier encore plus l’immense courage et dévouement des préposé(e)s on the job sur le terrain… re chapeau à vous toutes…

love in action… love made visible… comme disait notre mentor Veeresh…

puis, la semaine dernière, suite au message de Catherine Dorion sur FB qui rapportait les propos d’une jeune préposée de Montréal qui racontait l’apocalypse terrible qui prenait place dans une ressource privée (et qui a été vu 4 millions de fois), j’ai recontacté jecontribue.com… les larmes aux yeux, la douleur au coeur, l’âme en chamaille…

ce n’est pas que ce genre de travail m’attire particulièrement, mais il me semblait irresponsable et presqu’indécent de ne pas aller prêter main-forte devant une telle situation catastrophique… surtout quand on watch la game du confort de nos foyers et qu’on se permet de déblablatérer sur les réseaux… me semble qu’on a aussi une responsabilité sociale…

peut-être que cet élan pour aller aider est en partie lié à mon bagage de culpabilité judéo-chrétienne… peut-être… mais je crois que c’est surtout la part d’humanité en moi qui répondait, qui se sentait concernée, interpellée, convoquée… wake up call existentiel…

on a beau remercier publiquement celles et ceux qui aident et les qualifier d’anges-gardiennes et de héroïnes et héros, mais me semble qu’un moment donné, faut joindre l’effort, qu’il soit de guerre ou humanitaire…

engagez-vous qu’ils disaient…

alors vendredi dernier, comme je n’avais toujours pas de nouvelles de jecontribue.com, et que je désirais toujours contribuer d’une façon ou d’une autre, j’ai eu l’intuition de contacter la compagnie locale d’autobus scolaires où j’ai travaillé pendant quelques temps jadis… me disant que si l’école reprenait lundi (ici dans les Laurentides), ils auraient possiblement besoin de chauffeurs – ce qui est toujours le cas en temps normal alors encore plus maintenant…

et bingo !

la responsable m’a avoué avec grand soulagement lors de notre entretien qu’il lui manquait justement quelqu’un pour lundi matin… just in time…

alors vendredi après-midi, je suis allé spotter ma run et ce matin, j’étais au poste… lunettes aux yeux, masque à la bouche/nez et gants aux mains, la bouteille de gel antiseptique près de la porte et prête comme une scout et sploush, prêt à aller cueillir les ptits pits qui s’en allaient retrouver leurs amis et profs après deux mois de pause…

en compagnie des autres intervenants scolaires dont plusieurs, la semaine dernière, ont préparé ce retour en classe totalement inconnu et imprévisible… grande expérience sociale qui se joue en ce moment… millions de détails à préparer et à devenir en cours de route, on n’a pas idée…

et moi, honoré d’en faire partie… pour tenter de sécuriser ces ptits bouts de choux qui sont plongés dans cette expérience sociale avec nous…

je tiens à souligner ici l’extrême bonté, adaptabilité et flexibilité non seulement des anges de la santé, mais de toutes et tous les actrices/teurs – employées et bénévoles – du domaine de l’éducation et des autres services considérés essentiels… tous ces gens qui oeuvrent quotidiennement pour le bien du plus grand nombre… pour les enfants, les personnes âgées, et tous ceux et celles parmi les plus vulnérables…

car au-delà des mots, il y a les gestes de bonté, les actes du coeur… au-delà des plans et stratégies, il y a des gens…

à force de vivre par écrans interposés, à se concentrer sur les hypothèses et multiples niuouses – vraies et/ou fausses, qui sait vraiment ? – qui circulent dans l’abstrait univers virtuel, à critiquer les politiciens et autres acteurs de ce grand film de science fiction qui prend place actuellement, il me semble que l’on finit par perdre le contact avec une part de notre propre humanité… en tous cas, c’était un peu le cas pour moi dans les derniers jours… la peur tend à tuer l’humain…

alors ce matin, tout fébrile au volant de mon gros éléphant jaune sur roues, car tant de choses à apprendre en si peu de temps, je me suis lancé dans le trafic… le ptit dernier de la grande flotte jaune de la diligence…

les deux maints sur la volant, avec une humble intention de coeur de prendre soin du mieux que je pourrai des ptits pits pour qui je serai le premier humain à les accueillir le matin, et les reconduire en après-midi, pour les prochaines semaines, dans le cadre de ce scénario de film un brin apocalyptique à immense déploiement…

à tenter de sécuriser aussi les parents qui confient leurs enfants à ce système scolaire en état d’ébullition, en mode expérientiel dans lequel chaque actrice et acteur devra improviser au meilleur de sa connaissance…

je suis simplement honoré d’être un musicien dans le grand choeur des aidants volontaires… à vivre la situation sur le terrain, à contribuer du mieux que je peux et pourrai… à faire équipe avec mes fellow human beings

alors possible que je sois moins présent ici pour quelque temps, car le chroniqueur se fait chauffeur

la vraie vie m’appelle ailleurs que sur clavier et écran… en toute finesse et délicatesse…

fin… et fine with me…


en terminant, quelques mots pleins d’humanité de François Cheng, via Jean Gagliardi

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Le mot confinement contient l’adverbe finement. Le confinement pourrait donc signifier «être ensemble finement», voire «vivre ensemble finement».

Inutile de consulter un dictionnaire : qui dit finement veut dire penser ou faire des choses avec finesse.

Quelles sont les choses qu’on peut et doit faire avec plus de finesse ?

Notre réponse : mais tout !

Nous n’oublions pas que nous sommes venus au monde en parfait ignorant et que nous avons dû apprendre les usages terrestres à partir de zéro. À commencer par apprendre à nous tenir debout, puis à avancer pas à pas vers l’espace qui s’ouvre devant nous.

Sauf chez les plus doués d’entre nous, d’une façon générale, nos postures et nos comportements, autrement dit notre manière d’être, sont empreints de gaucherie et de maladresse ; il y manque trop de la grâce pour que nous soyons à même d’entrer en résonance avec l’invisible Souffle rythmique qui anime l’univers vivant.

Nous sommes en quelque sorte d’éternels apprentis, d’éternels amateurs. Il y a toujours lieu d’améliorer notre approche de la vie, avec plus de lucidité et de finesse. Le confinement obligatoire nous en donne l’occasion.

D’abord, dans notre rapport avec les choses qui nous entourent. Il fut un temps où l’humanité était plus humble, plus patiente. Elle chérissait les choses qui étaient à son service. Elle en connaissait le prix, éprouvait à leur égard de la gratitude. Il s’établissait entre les humains et les choses un lien de sympathie, pour ne pas dire de connivence.

On gardait les choses le plus longtemps possible, même quand elles étaient rongées d’usure. On rapiéçait les chaussettes, on ravaudait les chemises, on réparait les porcelaines fêlées, on entretenait avec vénération les meubles légués par les aïeux. Ainsi traitées, les choses prenaient un aspect personnel, revêtaient un coloris intime.

Mais depuis une ou deux générations, nous assistons à l’avènement du jetable.

Du coup, nous n’entretenons plus le même rapport avec les choses. Les traitant de haut, nous ne leur portons ni attachement ni affection. Elles sont usées par nous, dans l’indifférence. Arrive le moment où elles se montrent moins efficaces, nous les fourrons sans ménagement dans le sac-poubelle. Hop là, un bon débarras ! Ni vu, ni connu.

Tout cela ne nous éduque pas dans le sens de l’attention du respect, encore moins de la douceur et de l’harmonie. Il arrive bien souvent qu’inconsciemment, aux heures de nos désœuvrements, nous nous agacions de la présence des choses, parce qu’elles nous renvoient l’image de nos propres désarrois.

Le confinement est l’occasion de réapprendre la valeur des choses qui nous entourent. Celles-ci, nous le savons, ont une âme, même un bout de ruban, même une épingle. Elles ont acquis une âme, pour avoir été les témoins de notre vie. Elles conservent précieusement nos souvenirs, que nous avons relégués aux oubliettes. Elles peuvent nous être d’un soutien secourable si nous consentons à en faire des interlocuteurs valables. Elles sont là, pour nous rappeler que la vie n’est pas forcément un gâchis total.

Elles sont là pour nous appeler à la fidélité.

Après notre rapport avec les choses, venons-en à celui, plus complexe, que nous entretenons avec les êtres.

Le confinement crée des conditions pour vivre en compagnie des êtres qui nous sont chers, nuit et jour, sans une seconde de séparation. Au lieu de nous en réjouir, nous voilà paniqués. Jusqu’ici en effet, nous n’avons pas conçu la vie ainsi ; chacun a ses occupations, jouit des possibilités d’évasion. On découvre, effarés, qu’un tête-à-tête permanent est un casse-tête, que trop de promiscuité tue la vraie intimité. On en vient à avoir la nostalgie d’une certaine distanciation.

Or, justement, en même temps que le confinement, on nous recommande de garder une «distance sociale», et si possible de ne pas se toucher. Cette situation, apparemment contradictoire, nous incite à une réflexion plus fine. Dans notre société, les sentiments d’affection s’expriment par un ensemble de paroles et de gestes très démonstratifs, une effusion ignorant les barrières.

On s’adore, on s’embrasse, on baigne sans répit dans une mare de sentimentalité. C’est certes tout ce qu’il y a de positif. Sauf qu’en vase clos, pour peu que survienne un accroc, ces mêmes paroles et gestes, prononcées, effectués machinalement, ou devenus trop envahissants, étouffants, dégénèrent en chamailleries, quand ce n’est pas en violence.

Me revient alors en mémoire l’injonction de Confucius qui prônait dans les relations humaines, le « li », terme qu’on peut traduire par « le rituel du respect mutuel », un rituel fondé sur le principe de la distance juste.

Selon le sage, seul ce principe permet de rendre durable l’attachement le plus profond. À partir de ce principe d’ailleurs, ses disciples conseillaient d’introduire dans le lien conjugal une forme d’amour courtois où chaque conjoint traite l’autre en hôte d’honneur.

Les circonstances actuelles, pleines de paradoxe, me poussent ici à rappeler ce que Confucius avait proposé, 2 500 ans auparavant ; mais je mesure parfaitement ce qu’il peut y avoir d’inconcevable pour les gens d’aujourd’hui.

Après le rapport avec les choses et les êtres, comment ne pas aborder enfin le rapport avec soi-même. Dans le confinement, le sentiment qui domine chez chacun est la peur de se trouver seul à seul avec son ombre.

Inévitablement, nous pensons à notre cher Pascal qui déplore que l’homme ne sache pas demeurer dans une chambre ; en proie au divertissement, il cherche à se fuir pour ne pas dévisager le destin, le sien. Entre quatre murs où rien d’inespéré ne peut advenir, quel mortel ennui !

Pourtant, la chambre peut contenir plus de présence et de richesse qu’on imagine.

Il y a la mémoire de notre passé chargé d’orages, de remords, mais également de moment de félicité, il y a le présent à méditer et à métamorphoser, un présent bouleversé cette fois-ci par les actes héroïques des soignants et de tous ceux qui aident ; par les SMS reçus, qui donnent lieu à un authentique partage dans l’épreuve ; il y a le futur à préparer, un futur ouvert qui ne sera plus comme avant.

À ce point de réflexion, l’idée me vient d’évoquer un épisode dans la vie de Jakob Böhme, le grand mystique du XVIIe siècle.

Un après-midi de solitude dans son sombre logis, il voit un rayon de lumière qui entre par la fenêtre et qui s’attarde sur un ustensile en étain. L’humble objet renvoie des reflets irisés.

Soudain, il est ému jusqu’aux larmes et, empli de gratitude, il tombe à genoux.

Un matérialiste pur et dur viendrait nous expliquer doctement que tout cela relève de la loi physique, qu’il n’y a vraiment pas de quoi s’émouvoir là-dessus.

Mais Böhme voit autre chose, il voit qu’au sein de l’éternité, en ce coin perdu de l’immense univers apparemment muet et indifférent, un instant de miracle a lieu, ce rayon de lumière qui vient iriser l’après-midi terrestre où un humain anonyme, poussière d’entre les poussières, a pu capter la scène et, avec son œil ouvert et son cœur battant, être submergé par l’émotion.

Qui peut expliquer cet insondable mystère ?

Il n’y a peut-être rien à expliquer.

Il y a la vie qui est là, miraculeusement là, à recevoir comme un don inouï.

Chacun dans sa chambre, à sa manière unique, doit se tenir prêt à accueillir le rayon de vie qui se donne là, comme un ange annonciateur, comme un hôte d’honneur.»

 

4 réflexions au sujet de « in ou utile… vroum vroum vroum »

  1. Anandgyan

    Bon timing!

    Oh, chauffe au haut de la côte driver!

    Les p’tits pits, les parents et la pente…

    Fa’ pas juste écouter le chant des oiseaux et celui des enfants
    mais le son du moteur itou.

    Merci pour les mots de Monsieur Cheng.

    P.S. Comme si le confinement c’est ralentir s’a clutch.
    P.P.S. Le confinement nous invite à découvrir,
    …….. non pas le savoir-faire mais bien le savoir-être.
    P.P.P.S. Oui je chante faux et j’ai manqué cette pente
    …….. et suis dans l’ champ. Un champ de blé.
    P.P.P.P.S. Les conseils sont surtout bons pour celui qui les donne héhé.

    Répondre

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