
♥♥♥ – 18/3/21
les chroniques d’un nôbodé…
au cours de la dernière année, le sort qu’on réserve à nos vieux et vieilles nous a sauté en pleine face… gêne et honte à notre humanité collective envers ceux et celles qui ont contribué à bâtir notre monde…
nos grand-mères, nos grands-pères… nos vieux oncles et tantes âgées… nos aîné(e)s…
des mots, des mots… mais sans action, toutes les bonnes intentions restent lettres mortes… inhumain de laisser nos vieux et nos vieilles mourir et finir leur vie sur terre seul(e)s et abandonné(e)s… mais je sais, plus facile à dire que de faire something about it à court terme… mais on peut espérer que les choses vont changer…
d’ailleurs, ces temps-ci, nous sommes nombreux à nous questionner sur la vieillesse, le processus de vieillissement, sur la fin de la vie…
mais à quel âge devient-on vieux et vieille ?
question un peu futile… car on a probablement chacun chacune nos réponses à cette question, de même que des exemples concrets qui peuvent constituer des exceptions…
pas de bonne réponse à cette question car le vieillissement est de toute façon plus un processus graduel qu’un état permanent et définitif…
et dans VIEillir il y a plein de VIE… il y a toute la vie…
car dès que l’on nait, ce processus de vieillissement se met en branle, pour ne s’arrêter qu’à la fin des battements de notre coeur… entre les deux, toute la vie, toutes nos vies…
s’il y a des ptits vieux à 30 ans, on retrouve aussi des ptites jeunes de 90… l’âge est une accumulation d’années dans et sur le corps, un lot d’expériences diverses qui nous forment et nous forgent…
en Afrique, on dit qu’il existe une tradition à certains endroits où les personnes qui se sentent arrivé(e)s à la fin de leur voyage terrestre, vont tout simplement s’assoir ou s’étendre dans le sable pour se laisser recouvrir et tout doucement disparaître… belle image…
mais on dit aussi que notre âme échappe à ce processus de vieillissement… que notre âme est éternelle… voyons voir en temps et lieu…
ci-bas, deux textes touchants, des mots qui vont droit au coeur, jeune ou vieux… mieux que je ne saurais moi-même le dire…
alors ce matin, hommage à tous nos vieux et nos vieilles, jeunes ou vieux et vieilles de coeur, de rides et de peau, en particulier tous ceux et celles qui ont vécu plus longtemps que petit moi…
et merci la vie…
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– Que fais-tu grand-mère, assise là, dehors, toute seule ?
– Eh bien, vois-tu, j’apprends.
J’apprends le petit, le minuscule, l’infini.
J’apprends les os qui craquent. Le regard qui se détourne.
J’apprends à être transparente.
À regarder au lieu d’être regardée.
J’apprends le goût de l’instant, quand mes mains tremblent.
La précipitation du cœur qui bat trop vite.
J’apprends à marcher doucement. À bouger dans des limites, plus étroites qu’avant et à y trouver, un espace plus vaste que le ciel.
– Comment est-ce que tu apprends tout cela grand-mère ?
– J’apprends avec les arbres, et avec les oiseaux. J’apprends avec les nuages.
J’apprends à rester en place, et à vivre dans le silence.
J’apprends à garder les yeux ouverts. Et à écouter le vent.
J’apprends la patience et aussi l’ennui.
J’apprends que la tristesse du cœur est un nuage, et un nuage aussi le plaisir.
J’apprends à passer sans laisser de traces.
À perdre sans retenir.
Et à recommencer sans me lasser.
– Grand-mère, je ne comprends pas, pourquoi apprendre tout ça ? »
– Parce qu’il me faut apprendre.
À regarder les os de mon visage et les veines de mes mains.
À accepter la douleur de mon corps.
Le souffle des nuits. Et le goût précieux de chaque journée.
Parce qu’avec l’élan de la vague, et le long retrait des marées, j’apprends à voir du bout des doigts. Et à écouter avec les yeux.
J’apprends qu’il faut aimer.
Que le bonheur des autres est notre propre bonheur.
Que leurs yeux reflètent dans nos yeux Et leurs cœurs dans nos cœurs.
J’apprends qu’on avance mieux en se donnant la main.
Que même un corps immobile danse, quand le cœur est tranquille.
Que la route est sans fin.
Et pourtant toujours exactement là.
– Et avec tout ça, pour finir, qu’apprends-tu donc grand-mère ?
– J’apprends, dit la grand-mère à l’enfant, j’apprends à être vieille !
J. L. Bachoux, via Josée Blanchette, via Manon Kavanez – Groupe de La Licorne m’a dit
et une autre, sur apprendre à ne plus avoir rien à perdre… touchant…
Passion des mots, passion de la vie
Vieillir, c’est apprendre à perdre.
Encaisser, chaque semaine ou presque, un nouveau déficit, une nouvelle altération, un nouveau dommage.
Voilà ce que je vois.
Et plus rien ne figure dans la colonne des profits.
Un jour, ne plus pouvoir courir, marcher, se pencher, se baisser, soulever, tendre, plier, se tourner, de ce côté, puis de l’autre, ni en avant, ni en arrière, plus le matin, plus le soir, plus du tout.
S’accommoder sans cesse.
Perdre la mémoire, perdre ses repères, perdre ses mots.
Perdre l’équilibre, la vue, la notion du temps, perdre le sommeil, perdre l’ouïe, perdre la boule.
Perdre ce qui vous a été donné, ce que vous avez gagné, ce que vous avez mérité, ce pour quoi vous vous êtes battu, ce que vous pensiez tenir à jamais.
Se réajuster. Se réorganiser. Faire sans. Passer outre. N’avoir plus rien à perdre.
– Les Gratitudes de Delphine De Vigan – via Samano
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mon amie Diane vient justement de publier un bouquin sur le thème…

https://www.leslibraires.ca/livres/les-p-tits-vieux-c-est-diane-baignee-9782924923184.html
Bonnes questions. Je crois que je serai vieux après 77 ans parce que je ne pourrai plus alors lire les aventures de Tintin.
c’était pas 777 ans ?
Ces textes sont superbes 🙏
Enfin pouvoir ralentir, moins de responsabilités, faire ou ne rien faire. Être là me bercer devant le lac dans la gratitude. Marcher dans le bois à mon rythme avec mon amoureux et mes chiens. Dire merci à dame nature pour
tous les cadeaux qu’elle m’offre au quotidien. Garder mon cœur d’enfant et dire oui à tout ce que la vie m’offre en me disant: todo esta bien 💞🌹🔥🙏
Beauté de la vieillesse qui s’infiltre tout doucement.
Ne plus avoir à séduire …apprécier la transparence qui devient liberté.
Merci pour ces beaux textes.